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Pourquoi l'Azerbaïdjan a-t-il accepté la réunion de Washington ? Attentes et opportunités

 Des informations circulent selon lesquelles les dirigeants politiques de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie se rencontreront à Washington le 8 août. Bien qu'il n'y ait pas eu de déclaration officielle, diverses sources fiables en parlent avec confiance.

Par exemple, le site Middle East Eye, citant une source fiable, rapporte que la réunion sera présidée par le président américain Donald Trump en personne. Il est précisé que le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian signeront un document d'accord préliminaire à la Maison Blanche. Bien qu'il soit difficile d'exprimer une opinion précise sur le contenu de ce document, il est indéniable qu'il ne s'agira pas d'un accord de paix.
Il est vrai que Bakou et Erevan ont tous deux déclaré à plusieurs reprises que le texte de l'accord de paix était prêt. Mais Bakou pose certaines conditions : des amendements à la Constitution arménienne, la libération du Groupe de Minsk de l'OSCE et le corridor de Zanguezour. Bien que l'Arménie ne soit pas opposée à ces conditions par principe, elle n'ose pas les lever immédiatement. Car dans la société arménienne, en particulier dans les milieux revanchards, cela pourrait être perçu comme une nouvelle capitulation du gouvernement Pachinian.
Selon les experts, la réunion de Washington poursuivra l'examen des questions laissées en suspens lors de la rencontre des dirigeants azerbaïdjanais et arméniens à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 10 juillet. L'enjeu est également le paraphe du texte de l'accord de paix. Après la rencontre d'Abou Dhabi, le président Ilham Aliyev a déclaré à la presse que l'Azerbaïdjan et l'Arménie pourraient convenir des grands principes de l'accord de paix et les signer sous une forme préliminaire : « Se mettre d'accord sur les grands principes et les signer sous une forme préliminaire, puis travailler sur le texte, pourrait être une option. »
Il serait plus logique d'envisager la rencontre de Washington comme une poursuite des négociations de paix inachevées à Abou Dhabi et un rapprochement des positions sur les accords non conclus. La principale différence réside peut-être dans le format de la réunion. Alors que la rencontre d'Abou Dhabi s'est tenue à l'initiative des dirigeants des deux pays, celle de Washington s'inscrira dans le cadre de l'initiative de paix du président américain Donald Trump.
Après la signature de l'acte de capitulation par l'Arménie, Bakou a affirmé le principe selon lequel « désormais, les négociations ne peuvent se dérouler que de manière bilatérale ». Cela impliquait d'exclure du processus les forces extérieures, notamment celles qui ne sont pas intéressées par la paix et la stabilité dans le Caucase du Sud et qui soutiennent l'Arménie. Alors, pourquoi les dirigeants azerbaïdjanais n'ont-ils pas refusé l'offre de négociations du président américain à Washington ?
En politique, il n'y a pas d'amis ni d'ennemis permanents, mais des intérêts permanents. De même que l'attitude de Washington envers l'Azerbaïdjan varie en fonction des forces politiques présentes à la Maison-Blanche, les relations officielles de Bakou avec les États-Unis s'y prêtent. Contrairement à l'ancien président américain Joe Biden, l'actuel président de la Maison-Blanche, Donald Trump, a une attitude différente envers l'Azerbaïdjan et son dirigeant. Le récent partage par Trump des opinions du président de notre pays sur son réseau social en est une preuve éclatante.
Bakou a accepté de rencontrer et de discuter avec le dirigeant arménien à Washington, car l'attitude du président américain Donald Trump envers l'Azerbaïdjan est impartiale et il respecte notre intégrité territoriale. Si la même initiative avait été proposée par les dirigeants français ou russes, l'issue aurait pu être différente.
 
Il est clair que la rencontre des dirigeants azerbaïdjanais et arméniens à Washington et la conclusion d'un accord sont cruciales pour le président américain Donald Trump. N'ayant pas tenu les promesses de paix faites à son arrivée au pouvoir – notamment en ce qui concerne la fin de la guerre au Moyen-Orient et en Ukraine –, Trump souhaite « résoudre » un conflit déjà résolu. Il souhaite inscrire la phrase « Président américain qui a instauré la paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie » en tête de sa biographie. Son objectif est également de recevoir le prix Nobel de la paix.
Bien entendu, quels que soient les intérêts des États-Unis, de la France et de la Russie, le principal artisan de la résolution du conflit du Karabagh est l'armée azerbaïdjanaise, commandant en chef suprême. Si un accord de paix devait être signé avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan en serait le principal initiateur et auteur. Si notre glorieuse armée, sous la direction du commandant en chef suprême, n'avait pas libéré le Karabagh et le Zanguezour oriental et contraint l'Arménie à signer un acte de capitulation, ni le conflit n'aurait été résolu ni les négociations de paix n'auraient eu lieu. Le succès des négociations qui se poursuivront doit être attribué à l'Azerbaïdjan.
Note importante. La réunion de Washington permet à l'Azerbaïdjan d'engager des discussions plus larges et plus sérieuses sur le projet de corridor de Zanguezour, également soutenu par les États-Unis. Pour rappel, en juillet, l'ambassadeur des États-Unis en Turquie, Thomas Barak, avait officiellement proposé qu'une société américaine loue et gère ce corridor pour 100 ans. L'Arménie a rejeté cette proposition. Voici la réaction du président Ilham Aliyev à l'annonce de la location du corridor de Zanguezour par une société américaine.
Il ne peut y avoir d'opérateur, de bailleur ou de commerçant sur notre territoire. L'Arménie elle-même peut faire beaucoup. Je n'en suis pas au courant… J'ai dit à mon collègue d'Abou Dhabi (Nikol Pashinyan - N.C.) que nous devrions avoir un passage sûr d'Azerbaïdjan à Azerbaïdjan. Il s'agit d'un passage d'une région d'Azerbaïdjan à une autre. Nos citoyens ne doivent pas y voir le visage d'un garde-frontière arménien. C'est notre exigence. Sinon, nos citoyens seront en danger.
L'Azerbaïdjan devrait donc considérer la réunion de Washington comme une opportunité, notamment en ce qui concerne l'ouverture du corridor de Zanguezour.
Azerbaïdjan : Rédactrice en chef de l'agence de presse '' Veteninfo.az '' : Nahid Canbakhishli