L'opérateur français "Nestlé Waters" a délibérément modifié le seuil de microfiltration des eaux minérales et obtenu une "dissimulation de l'Etat", commercialisant, ainsi une eau non conforme aux normes, depuis plusieurs années.
C'est ce que révèle, lundi, le rapport d'une commission d'enquête sénatoriale, après six mois d'investigations.
Selon ce rapport, largement relayé par les médias français, lundi matin, "Nestlé Waters" a explicitement autorisé un seuil de microfiltration à 0,2 micron (de produits chimiques et fécaux), alors que la norme en vigueur est de 0,8 micron. De ce seuil dépendrait l'arrêt ou la continuation de l'exploitation et de la commercialisation de l'eau minérale d'un site déterminé.
"Nestlé Waters adopte une attitude transactionnelle, posant explicitement l'autorisation de la microfiltration à 0,2 micron comme condition à l'arrêt de traitements pourtant illégaux", révèle le rapport, précisant que "c'est au plus haut niveau de l'État que s'est jouée la décision d'autoriser une microfiltration sous le seuil de 0,8 micron".
Et d'ajouter : "Malgré la fraude aux consommateurs que représente la désinfection de l'eau, les autorités ne donnent pas de suites judiciaires à ces révélations".
La direction de la compagnie avait découvert depuis 2020 sur ses sites Perrier, Hépar et Contrex l'existence de traitements interdits pour désinfecter l'eau minérale et avait sollicité mi-2021 le gouvernement, avant d'en parler à l'Élysée.
Selon le rapport sénatorial, la présidence de la République était au courant de cette tricherie, "depuis au moins 2022", mais la responsabilité du président Macron ne semblait pas avérée, ni même celle de sa Première ministre Elisabeth Borne.
Les médias français citent l'ancien secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler, qui avait reçu les dirigeants de Nestlé, mais qui a refusé d'être auditionné par la commission sénatoriale.
Dans la foulée, Kohler a démissionné de l'Elysée en mars dernier et son refus de comparaître devant la commission d'enquête sénatoriale a été classé sans suite par la justice, pourtant passible de deux ans d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende.
La Commission sénatoriale a émis dans son rapport 28 recommandations, dont un suivi qualitatif des nappes, un contrôle effectif du niveau des prélèvements et un meilleur étiquetage pour informer le consommateur.